Comment optimiser sa succession ?

Jean-Philippe D.

11 min


MAJ avril 2024

Il existe plusieurs procédés légaux qui vous permettent de diminuer les impôts que vos héritiers auront à payer sur le patrimoine que vous leur léguerez à votre décès.

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Quels sont les principes des droits de succession ?

Les droits de succession sont des impôts que les ayants droit d’une personne décédée doivent verser à l’administration fiscale sur les biens mobiliers (meubles, bijoux, placements...) et/ou immobiliers (appartement, maison, terrain à bâtir...) qu’ils ont reçus en héritage.

Ils sont calculés par le notaire en charge de la succession et reversés par celui-ci au Trésor Public. 

Le montant des droits de succession dépend du lien de parenté entre le défunt et l’héritier, ainsi que de la valeur du legs. Le barème est progressif pour les ascendants et descendants en ligne directe, soit les parents, grands-parents, enfants et petits-enfants de la personne décédée. Les taux d’imposition varient, selon les tranches, de 5% à 45%. Les frères et sœurs disposent de deux taux d’imposition, également selon la valeur des biens légués, de 35% ou 45%.

Les oncles, tantes, neveux, nièces, arrière-grands-parents, arrière-petits-enfants, cousins germains, petits-neveux, petites-nièces, grands-oncles et grands-tantes sont, eux, imposés à 55%. Les cousins issus de germain et les personnes extérieures à la famille du défunt sont taxés à 60%.

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Comment faire pour réduire (défiscaliser) les frais de succession ?

L'abattement : un outil pour optimiser sa succession

La valeur des legs soumise aux droits de succession est prise en compte après application d’un abattement fiscal. Le montant de cette franchise d’impôt dépend, là aussi, du lien de parenté avec la personne décédée.

Les abattements sur les droits de succession sont les suivants : 

  • 100 000 euros pour les enfants et parents 
  • 15 932 euros pour les frères et sœurs 
  • 7 967 euros pour les neveux et nièces  
  • 1 594 euros pour les autres membres de la famille et les personnes extérieures à la famille.  

À savoir

Les héritiers présentant un handicap physique ou mental les empêchant de travailler bénéficient d’un abattement spécifique de 159 325 euros, qui s’ajoute à leur abattement familial.

Vous avez intérêt à prendre en compte ces abattements dans l’organisation de votre transmission. Par exemple, chacun de vos enfants ne paiera pas de droits de succession sur les 100 000 premiers euros que vous lui léguerez.

Les donations

Les donations du vivant sont soumises grosso modo à la même fiscalité que la succession. À la grande différence près que, si les abattements des droits de succession s’appliquent par essence une seule fois, ceux pour les droits de donation sont renouvelables tous les 15 ans.

Ainsi, vous pouvez donner à chacun de vos enfants jusqu’à 100 000 euros sans imposition tous les 15 ans. Mieux : si le don est réalisé par les deux parents, l’abattement est doublé (200 000 euros par enfant).

À savoir

L’abattement sur les droits de donation s’élève à 31 865 euros par petit-enfant, contre seulement 1 594 euros pour l’abattement sur les droits de succession.

Vous pouvez cumuler une donation et un don familial de sommes d’argent. Cette dernière donation (plus couramment appelée « don Sarkozy ») porte, comme son nom l’indique, sur des dons uniquement numéraires (chèque, virement, mandat, espèces) au bénéfice des héritiers directs. À condition d’être âgé de moins de 80 ans, vous pouvez donner à vos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants majeurs ou mineurs émancipés jusqu’à 31 865 euros sans imposition. Cet abattement est également renouvelable tous les 15 ans.

Le donateur (la personne qui effectue le don) peut régler les droits de donation à la place du donataire (la personne qui reçoit le don). 

Le démembrement de propriété pour réduire les droits de succession

Une opération de démembrement consiste à séparer la propriété d’un bien entre d’un côté, l’usufruit (la jouissance) et de l’autre, la nue-propriété. Le bien démembré peut être un placement, comme un compte-titres. Mais le plus souvent, il s’agit d’un bien immobilier. L’usufruiter peut occuper le logement ou en percevoir les loyers si le bien est mis en location, tandis que le nu-propriétaire possède les murs du logement. Ce dernier peut vendre le bien avec l’accord de l’usufruitier ou céder sa nue-propriété.

Le démembrement est souvent pratiqué dans le cadre d’une donation immobilière. Les droits de donation ne sont alors pas calculés sur la valeur totale du bien, mais sur la seule valeur de la nue-propriété. Celle-ci dépend de l’âge de l’usufruitier (voir le tableau ci-dessous). Plus il est âgé et plus la valeur de la nue-propriété est élevée, puisque l’usufruitier profitera moins longtemps de la jouissance du bien.

Les scénarios en détail
Âge de l’usufruitier Valeur de l’usufruit Valeur de la nue-propriété
Moins de 21 ans 10% 90%
Entre 21 ans et 30 ans 20% 80%
Entre 31 ans et 40 ans 30% 70%
Entre 41 ans et 50 ans 40% 60%
Entre 51 ans et 60 ans 50% 50%
Entre 61 ans et 70 ans 60% 40%
Entre 71 ans et 80 ans 70% 30%
Entre 81 ans et 90 ans 80% 20%
91 ans et plus 90% 10%


A noter

Une donation en nue-propriété permet ainsi de réduire les droits de donation à payer, tout en permettant à l’usufruitier (qui est généralement le donateur) de continuer à habiter ou à louer le bien immobilier donné. Mieux : au décès de l’usufruitier, le ou les nus-propriétaires récupèrent la pleine propriété du bien, sans droits de succession à verser.

L’assurance vie

L’assurance vie constitue un bon moyen de réduire les droits de succession. Ce placement est considéré comme étant « hors succession ». Cela signifie que les capitaux logés dans le contrat ne sont pas comptabilisés dans l’actif successoral du souscripteur décédé et ne sont donc pas soumis aux droits de succession.

Avant les 70 ans du souscripteur

La ou les personnes désignées par le souscripteur pour percevoir les capitaux du contrat à son décès bénéficient, chacune, d’une franchise d’impôt de 152 500 euros pour les sommes issues des primes versées avant les 70 ans du défunt. La fraction des capitaux comprise entre 152 500 et 852 500 euros est taxée à 20%, et celle supérieure à 852 500 euros à 31,25%.

Après les 70 ans du souscripteur

Pour les sommes issues de primes versées après les 70 ans du souscripteur, l’abattement tombe à 30 500 euros et est commun à tous les bénéficiaires désignés. La fraction supérieure est assujettie aux droits de succession.

Attention !

Pour éviter les abus, les primes versées sur le contrat d’assurance ne doivent pas être « manifestement exagérées » au regard de l’âge du souscripteur, de sa situation maritale et familiale, de ses revenus et de son patrimoine.

Dans le cas contraire, le fisc ou des héritiers peuvent demander à la justice de réintégrer les capitaux à l’actif successoral. Les sommes devront alors respecter l’ordre successoral (la hiérarchie des héritiers) et seront soumises aux droits de succession.

La SCI, si vous possédez des biens immobiliers

La société civile immobilière (SCI) est une société non commerciale qui possède un ou plusieurs biens immobiliers. Vous pouvez créer une SCI avec vos enfants (on parle alors de « SCPI familiale »). Vous avez la possibilité de donner tout ou partie de vos parts à votre ou vos enfants associés dans la SCI tous les 15 ans. Compte tenu de l’abattement familial, vous pouvez lui ou leur donner 100 000 euros de parts chacun, sans droits de donation.

Vous pouvez également leur donner vos parts en nue-propriété. Ils récupéreront la pleine propriété de vos parts dans la SCI, sans droits de succession, à votre décès.

Le plan d'épargne retraite

En souscrivant un plan d’épargne retraite individuel (PERIN), vous percevez, au choix :

  • Un capital et/ou une rente à votre départ à la retraite ou
  • Une fois que vous avez atteint l’âge légal (l’âge minimum de départ à la retraite fixé de 62 à 64 ans, selon votre année de naissance).

Outre la préparation à la retraite, le PERIN représente un bon outil pour optimiser sa succession.

S’il s’agit d’un PER « assurantiel » (calqué sur l’assurance vie), les capitaux seront versés sans imposition aux bénéficiaires que vous aurez désignés à hauteur de 152 000 euros chacun. Les sommes seront taxées à 20% pour la fraction comprise entre 152 500 euros et 852 500 euros et à 31,25% au-delà de 852 500 euros.

À savoir

Si vous décédez après 70 ans, l’abattement est réduit à 30 500 euros et est partagé entre les bénéficiaires. Les sommes restantes sont soumises aux droits de succession.

Investir dans les vignes et forêts : une solution pour optimiser sa succession

L’investissement dans les vignes et les forêts peut être une stratégie intéressante pour optimiser votre succession. Ces placements bénéficient d'une fiscalité avantageuse, avec des exonérations partielles ou totales de droits de succession, sous réserve de respecter certaines conditions.

Les parts de Groupements fonciers viticoles (GFV) et de Groupements fonciers forestiers (GFF) sont exonérées de droits de succession à hauteur de 75% de leur valeur dans la limite de 300 000 euros en 2024 (101 897 euros avant cette date) par bénéficiaire, et à 50% au-delà.

Pour profiter de cet important avantage fiscal, le défunt doit avoir conservé ses parts pendant au moins deux ans.  

Par ailleurs, les biens ruraux et les parts de Groupements fonciers agricoles (GFA) peuvent donner accès à une exonération totale de droits de succession, sous réserve de respecter certaines conditions liées à l'exploitation agricole.

Côté MAIF

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