Il est tout à fait normal, incontournable même, qu'un conflit apparaisse, un jour ou l'autre, entre un élève et un enseignant. Cela fait partie de toute éducation, comme l'erreur fait partie de tout apprentissage. On peut néanmoins s'y préparer, apprendre à réagir face au conflit, à en gérer les conséquences, mais aussi savoir ce que l'on a le droit ou non de faire, qui peut nous aider, et surtout... comment faire en sorte que cela arrive le moins possible ! Voici quelques idées dans lesquelles piocher.
- maif.fr
- Enseignants
- Conseils pour les enseignants
- Enseigner au quotidien
- Gérer votre classe
- Ma première évaluation
FICHE PRATIQUE #ÇaYestJeSuisProf
Première évaluation
Agence Tralalere
12 min
MAJ mai 2020
Indissociable de l’acte d’enseigner, l’évaluation est ancrée dans les apprentissages. En tant qu’élève, vous l’avez éprouvée. En tant qu’enseignant, vous en avez compris les tenants et les aboutissants. Mais il reste toujours difficile de choisir les temps d’évaluation, les formes qu’elle doit prendre, les consignes à formuler, les corrections à effectuer. L’évaluation, comme vos séquences pédagogiques, devra donc être réfléchie en amont.
Saison 1 - Episode 4 : Ma première évaluation d'élèves
Ingrid enseigne l’anglais au lycée. A l’aise face aux élèves, elle prend la vie comme elle vient, à l’écoute de son karma. Mais lorsqu’elle doit mettre en place sa première évaluation, le doute l’envahit. Au cœur de ses angoisses, la question de l’équité. Quel équilibre trouver entre justice et valorisation ?
1
Mise en place de l'évaluation
Penser l'évaluation dès la conception d'une séquence pédagogique
Évaluer un élève, c’est apprécier s’il a atteint ou non un objectif sur la base de critères bien identifiés (savoirs, savoir-faire, savoir-être). Ainsi, une fois au clair avec les objectifs de votre séquence, imaginez déjà quelle évaluation vous mettrez en place. Vous aurez alors en tête ce qui compte et ce que les élèves doivent maîtriser, tout au long du parcours d’apprentissage que vous leur proposerez.
Vous pourrez également choisir plus facilement les exercices d'entraînement qui prépareront l’évaluation. En effet, s’il n’est généralement pas question de proposer en évaluation un exercice déjà fait en classe, un trop grand décalage entre le devoir et l’entraînement qu’ont reçu les élèves est néfaste pour l’évaluation. N’oubliez pas de partager avec les élèves les objectifs et leurs critères de réussite, afin qu’ils puissent comprendre ce que l’on attend d’eux et prendre du recul sur leurs travaux en classe au quotidien.
Varier les formes d'évaluation
Il est utile de connaître les différents types d’évaluation et leur finalité.
Lorsque vous souhaitez prendre le pouls de votre classe ou établir un état des lieux des connaissances de vos élèves, vous pouvez engager une évaluation diagnostique. Un quiz sous forme de diaporama, à l’aide d’un logiciel adapté ou tout simplement à faire sur une demi-feuille, vous donnera une photographie assez précise du niveau de vos élèves en début de chapitre. Il n’est bien sûr pas question de « noter » ces évaluations diagnostiques : elles ne témoignent pas d’une progression, seulement d’un niveau initial.
En cours de chapitre, vous pouvez soumettre aux élèves un devoir à la maison qui met en jeu une grande partie des attendus de fin de séquence. Réalisée de manière individuelle, cette évaluation que l’on qualifie de « formative » permet à l’élève de se confronter aux savoirs et savoir-faire du thème étudié. Votre correction détaillée lui permettra de situer ses points forts et de remédier à ses faiblesses. Là encore, une note dans le carnet est discutable, l’objet de l’évaluation étant la formation et non la sanction.
C’est généralement en fin de chapitre que l’on sanctionne les acquis par une évaluation « sommative », le plus souvent sur table, et qui fait l’objet d’une note (ou d’une validation de compétences). Les élèves, passés par une évaluation « formative » sauront à quoi s’attendre et tout le monde, enseignant compris, évitera les mauvaises surprises.
Evaluer par compétences
Qu’elle fasse ou non l’objet d’une note en dernier ressort, l’évaluation par compétences est de plus en plus répandue. De l’évaluation en primaire au livret scolaire des lycées, en passant par le socle commun du collège, la notion de compétence irrigue l’enseignement. Autour de vous, vous trouverez une adhésion très inégale à cette forme d’évaluation. Pourtant, tous les enseignants sont concernés et les compétences sont portées par les corps d’inspection de toutes les disciplines.
Mais, à quoi sert-il d’évaluer par compétences ? L’évaluation formative consiste à établir pour l’élève une photographie claire de ses points forts et de ceux à améliorer. Si sur cette photographie on ne voit qu’un « 13/20 », qu’une note, comment le savoir ? Que doit-on retravailler ? Sur quoi peut-on s’appuyer ? Les compétences permettent une finesse d’analyse que la note ne permet pas.
De nombreuses questions émergent alors : quelles compétences évaluées ? Quelle grille pour les rassembler ? Quel outil numérique pour les gérer ? Quel niveau de détail pour servir les élèves ? Comment la rendre lisible par les parents ? La question des compétences est complexe mais ne vous inquiétez pas ! Elle doit être appréhendée à l’échelle de l’équipe pédagogique et ce sera une belle occasion de collaborer avec vos collègues.
2
Le jour de l'évaluation
Porter une attention particulière aux consignes
La consigne est très importante, c’est le seul intermédiaire entre ce que vous attendez des élèves et ce qu’ils vont effectivement faire ! Il faut donc essayer de limiter au minimum l’implicite, d’utiliser des verbes connus et déjà rencontrés par les élèves. « Justifier », « Montrer », « Démontrer », « Prouver », tout cela peut par exemple évoquer la même demande chez l’enseignant de mathématiques. Pourtant, il est fort probable que l’élève interprète ces verbes comme des demandes différentes !
Il est très utile de faire relire son évaluation à son tuteur, voire à d’autres collègues. Ils pourront rapidement identifier des formulations ambiguës ou de simples « coquilles » et erreurs de frappe encore présentes malgré vos multiples relectures.
Installer un climat propice au bon déroulement de l'évaluation
Une évaluation sommative (notée) doit avant tout être équitable, en particulier dans ses conditions de réalisation en classe. Si vous n’avez pas accès à une salle spéciale, avec des tables individuelles, essayez d’aménager votre salle en « conditions d’examen ». Vous pouvez dire aux élèves que ce n’est pas par manque de confiance ou par paranoïa, mais simplement pour favoriser leur concentration individuelle.
Toujours dans l’optique d’instaurer un climat serein, prenez le temps en début d’évaluation de la présenter aux élèves en précisant vos attentesattentes (utilisez pour cela une copie double, un exercice de la feuille d’énoncé, un graphique à rendre, etc.).
Une astuce : vous contrôlerez plus facilement ce moment de concentration si vous vous placez derrière les élèves. Vous aurez ainsi une certaine liberté d’action tout en proposant un contrôle complet des travaux. Un élève lève la main ? Vous lui répondez à voix basse. Si vous estimez que la question est pertinente, ou l’information donnée importante, n’hésitez pas à prendre la parole brièvement devant la classe pour donner à tous les élèves le même niveau d’information, toujours dans un souci d’équité. Enfin, donnez votre aide au compte-gouttes pour éviter la multiplication des mains levées et de passer la séance à discuter avec les élèves.
Anticiper les différences de rythme des élèves
Une évaluation sur table pose une contrainte supplémentaire : le temps est limité. Dites-vous bien que l’objectif n’est pas - comme dans un concours - de classer les élèves les uns par rapport aux autres, mais bien de laisser la chance à chacun de montrer ce qu’il sait faire. Ainsi, faites en sorte que chacun puisse, au moins en théorie, finir l’évaluation.
Il y a différentes façons de gérer ceux qui vont plus vite : un exercice supplémentaire (éviter les « bonus » qui ne seraient alors accessibles qu’aux meilleurs), un travail de préparation pour la suite de la séquence une fois le devoir rendu, un livre à lire… Évidemment, il est interdit de laisser sortir en avance les élèves qui ont fini puisqu’ils sont sous votre responsabilité jusqu’à la fin du cours.
Enfin, essayez de détecter les élèves en difficulté ou qui abandonnent trop vite. Ils peuvent être « bloqués » pour de nombreuses raisons (personnelles, de compréhension, de découragement…) qu’il est bon d’identifier au plus vite pour leur laisser une chance de se ressaisir et éviter la souffrance d’un échec qui n’est peut-être pas mérité.
3
Correction de l'évaluation
Proposer une correction juste mais valorisante
L’appréciation générale est la première chose que vont lire vos élèves en recevant leur copie corrigée. Rédigez-la de façon équilibrée, identifiant des points forts et des points à améliorer. À ce titre, il est intéressant de distinguer l’erreur - constitutive de tout apprentissage (on apprend en se trompant) - de la faute, qui possède un poids moral et ne devrait pas être évoquée lorsqu’il est question d’apprendre.
Une autre distinction intéressante peut se faire entre l’élève et sa production. Un devoir peut être bon ou mauvais, sans que cela qualifie pour autant l’élève qui l’a produit ! Au-delà d’un jugement de valeur, essayez de faire de votre appréciation une invitation à regarder le détail de vos annotations. Ces dernières seront efficaces si elles sont courtes, neutres (limitez au minimum les états d’âmes) et intelligibles.
Proposer une correction utile
Une correction devrait être une invitation à retravailler sa copie. Une évaluation par compétences est, à ce titre, tout indiquée puisqu’elle permet de sortir du binaire « juste/faux » et d’apprécier à la fois les points forts et ceux qui sont à retravailler.
Certains enseignants utilisent une grille de codes-erreurs afin d’être clairs pour l’élève et plus rapides dans leur correction. Les élèves peuvent alors identifier la signification des codes, trouver leur erreur et la corriger. Ils ont besoin pour cela d’une référence, d’un « corrigé-type » qui leur permette la comparaison. La grille de codes-erreurs contribue également à leur rendre la correction intéressante et moins fastidieuse ; ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on a 32 travaux sur le même thème à corriger avec, si possible, la même fraîcheur !
Enfin, vous pouvez donner une règle à vos élèves : passer au moins autant de temps sur leur copie que vous en avez passé pour la corriger !
Préparer une remédiation en classe
Si votre évaluation est formative (c’est-à-dire un point d’étape dans l’apprentissage des élèves), elle nécessite un temps de remédiation suffisant en classe. Les élèves doivent pouvoir prendre le temps d’identifier ce qu’ils doivent retravailler et de se confronter à nouveau à ces savoirs et savoir-faire à reprendre.
Cette remédiation peut prendre la forme d’un diaporama de photographies de copies d’élèves pour leur aspect symptomatique : une erreur récurrente, une rédaction modèle, une idée originale… Un dialogue s’établit alors entre l’enseignant et la classe autour de la critique (positive ou négative) de ces extraits « anonymes » de copies d’élèves.
Vous pouvez également utiliser toute la richesse des travaux de groupes afin de rassembler des élèves qui doivent retravailler un domaine spécifique ou, au contraire, de répartir leurs compétences dans des groupes équilibrés, pour que vos élèves progressent aussi par l’entraide.
4
On a testé pour vous !
2 outils numériques collaboratifs pour s’informer et informer à la fois les élèves et les parents d’élèves
Socrative – Un outil pour évaluer les connaissances des élèves en direct
Socrative est une application en ligne gratuite qui permet d’évaluer les connaissances des élèves en direct, de manière nominative ou anonyme.
L’enseignant prépare en amont des quiz. Les élèves y répondent ensuite en direct en classe, seuls ou en binômes, sur ordinateur, tablette ou smartphone. Dans le même temps, l’enseignant visualise sur son écran les résultats (réponses de chaque élève mais aussi taux de réussite global de la classe ou par question).
Socrative peut être utilisé pour évaluer les pré-requis, valider des connaissances ou faire de la remédiation sur des points non compris.
Socrative peut être utilisé pour évaluer les pré-requis, valider des connaissances ou faire de la remédiation sur des points non compris.
Plickers – Une application pour évaluer les élèves à l'aide de QR codes
Plickers est une application qui permet d’interroger simultanément et individuellement chaque élève d’une même classe via des quiz ou sondages.
Simple d’utilisation, Plickers évalue les connaissances des élèves sur des questions abordées en classe.
Chaque élève répond, de manière anonyme ou nominative, à l’aide d’une étiquette sur laquelle est imprimé un symbole de type QR code, qu’il oriente dans le sens de sa réponse (A, B, C ou D).
L’enseignant, équipé d’un smartphone ou d’une tablette connecté-e à Internet, scanne en direct les réponses des élèves. Plickers enregistre et affiche ensuite instantanément les résultats, graphiques et statistiques sur l’appareil utilisé par l’enseignant, qui peuvent également être projetés en direct.
5
Décryptage et témoignage
Décryptage Expert : Première évaluation
Il est important de réfléchir l’évaluation dans la séquence d’enseignement
Témoignage : Première évaluation
Quand on est avec des élèves, on est là pour les former, pour les accompagner, l’évaluation formative va donc être centrale.
A lire ensuite
Une première sortie ou un premier voyage scolaire peut aussi bien être source d’enthousiasme que d’interrogations, voire de stress : comment préparer la sortie ? À quoi faut-il penser ? Que ne doit-on surtout pas oublier ? Comment rendre la sortie intéressante pour les élèves, tout en poursuivant des objectifs pédagogiques ? Comment communiquer avec les parents, les élèves, les collègues, l’administration... ?
Comme le précise le site Eduscol : « Face aux troubles des apprentissages, il n'y a pas de réponse commune, chaque enfant est unique. Ces troubles peuvent être liés à une dyslexie/dysorthographie, une dyspraxie, une dyscalculie, un TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité), à des troubles des fonctions exécutives (trouble de la planification, du traitement séquentiel, et de la mémoire de travail) » ou encore à un TSA (trouble du spectre de l’autisme). Dans le second degré, plus de 36% des élèves présentent des troubles des fonctions cognitives. Les conseils pratiques ci-dessous vous aideront à la fois à entrer en relation avec ces élèves, mais aussi à trouver votre place dans l’environnement aidant qui se construit autour d’eux.
L’inspection est une composante très ancienne de l’Éducation nationale : l'Inspection Générale de l’Éducation Nationale (IGEN) a été créée sous l'impulsion de Napoléon 1er… en 1802 ! Évènement incontournable de votre carrière d’enseignant, elle est aussi souvent redoutée. Alors, comment faire pour « réussir » son inspection ?. Tirer le meilleur parti de ce moment sans se sentir infantilisé ? Avant tout, il est important de bien comprendre ce qui est en jeu et de se préparer efficacement, à l’inspection en classe d'une part, et à l’entretien qui suivra.