Après des confinements imposés par la Covid-19, l’école dehors peut répondre à une envie légitime de s’oxygéner. Mais c’est bien plus qu’une alternative liée à la pandémie, et son développement a débuté avant la crise sanitaire. Nous avons recueilli pour vous des témoignages, des ressources et nous avons cherché auprès de nos partenaires des sources d’inspiration…
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Planète : quand vos élèves s’engagent
Philippe Tarnier, journaliste MAIF Mag
13 min
MAJ avril 2023
Peu à peu et chacun à son rythme, les établissements scolaires se convertissent au développement durable. Les éco-délégués, élus par les élèves, mettent du cœur à l’ouvrage.
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Labellisation E3D c’est quoi ?
Donner ce que l’on n’utilise pas, soutenir l’agriculture locale, éviter de gaspiller l’eau et la nourriture, privilégier les mobilités les moins émettrices de CO2, planter des arbres… Depuis dix ans, le label E3D (Ecole ou Etablissement en Démarche globale de Développement Durable) valorise les écoles, collèges et lycées engagés pour la réalisation des 17 objectifs « pour sauver le monde » fixés par l’ONU. Jean-Michel Bordron, intendant du lycée professionnel Goussier de Rezé (44), observe que, depuis la loi Climat et résilience du 22 août 2021, les Cesc se sont transformés en Cesce : comités d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement. L’environnement deviendrait-il une valeur de la République ?
, s’interroge-t-il.
Au 1er septembre 2022, environ 10 000 établissements sur les 60 000 que compte notre pays sont labellisés. Sur une échelle de 1 à 3, la très grande majorité sont encore au niveau 1. Très peu ont atteint le niveau 3 (Expertise) : en 2022, seulement 9 dans l’académie de Créteil, 13 à Paris et un seul dans l’académie de Nantes. Ce faible taux d’engagement traduit-il l’inaction des établissements ? Certainement pas. L’E3D est un cadre facultatif, qui n’empêche en rien les établissements de mener des actions utiles et altruistes dans leur coin. Pour autant, l’élan est donné. Depuis trois ans, dans chaque académie, un concours annuel récompense les actions les plus remarquables. La compétition s’achève en fin d’année par la remise de prix nationaux « école », « collège » et « lycée ».
Mon plus beau potager : un concours MAIF
En maternelle, les classes n’élisent pas d’éco-délégués. Mais l’éducation à la nature commence dès le plus jeune âge : c’est pourquoi nous avons lancé un concours national de potagers auquel toutes les écoles maternelles sont invitées à participer. Pour les classes de primaire, nous proposons un concours d’écriture à partir d’un début imposé sur le thème du développement durable. À gagner : des ressources pédagogiques pour la médiathèque de l’école.
Des déchets à peser
17 octobre 2022 : séance de ramassage de déchets en plein air organisée par l’UNSS à Provins. C’est l’une des actions les plus faciles à mettre en œuvre par les éco-délégués. En se rapprochant de l’association Surfrider, soutenue par MAIF, ils obtiendront tout le soutien matériel et pédagogique nécessaire à l’organisation de la collecte. Le tri et le pesage des déchets permettent d’alerter les fabricants qui en sont à l’origine.
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S’engager en tant qu’éco-délégué tout au long de sa scolarité, c’est possible ?
Depuis la rentrée 2020, chaque classe de collège et de lycée élit ses éco-délégués. Au moins un par classe en théorie, souvent deux dans les faits et parfois zéro. Nous avons un peu plus de mal à susciter des candidatures en lycée pro
, constate Anne-Solène Masmejean, conseillère principale d’éducation du LP Goussier de Rezé (44), qui décompte 28 éco-délégués pour 34 classes. Non pas que les élèves se sentent moins concernés par le développement durable, mais leur emploi du temps leur libère moins de temps. Ils ont par exemple des stages obligatoires et des blocs d’atelier de 4 heures desquels il est pénalisant de s’absenter.
Anne-Solène Masmejean est elle-même référente en développement durable du lycée. Tout au long de l’année scolaire, c’est elle qui anime et coordonne le collectif des éco-délégués. Nous avons de très belles réussites à notre actif. L’an passé, nos classes de mode ont réalisé leur chef-d’œuvre en créant une collection et un défilé à base de vêtements de seconde main et de tissus récupérés. Nous avons aussi monté une friperie solidaire dans l’établissement. Les éco-délégués ont aidé à la réussite de ces actions, mais c’est toute la classe qui participe
se réjouit-elle. Pour toutes ces raisons, Anne-Solène Masmejean estime que le terme d’éco-délégué a été mal choisi. S’il y a une chose qui ne se délègue pas, c’est bien le développement durable
, fait-elle remarquer. Nous fonctionnons énormément sur l’envie. Une éco-déléguée va par exemple refuser de planter quoi que ce soit dans nos espaces de biodiversité mais elle sera enthousiaste pour créer l’affiche qui présente l’action à ses camarades.
Un cuisinier inspirant
Guillaume Delsaux est l’un des cuisiniers scolaires les plus engagés. Officiant au lycée Genevoix de Bressuire, c’est un champion du « fait maison » et du produit frais. Sa chaîne TikTok mérite d’être visitée : il y montre un entrain renversant ! Pour lutter contre le gaspillage, il implique les élèves et propose des portions S, M, L, XL… Une politique qui produit des effets : 37 g en moyenne de déchets par plateau (quand la moyenne nationale se situe à 80 g en lycée), avec des pointes à 5 g les beaux jours !
Un collège en REP + champion de la végétalisation
Retournement du compost au collège République de Bobigny (93). Situé en zone REP +, ce collège a entamé un très gros programme de végétalisation sur 2 hectares. Les éco-délégués, hyper impliqués, ont charrié des brouettes de terre ! Interdiction pour eux en revanche de conduire les engins de destruction des zones goudronnées, pour des raisons de sécurité. 32 arbres, 18 bacs de plantation, un potager auquel les classes de SVT peuvent accéder… Une belle réussite !
« C’est la motivation qui compte ! »
Colette, élève en classe de première à la cité Lakanal de Sceaux, est élue éco-déléguée sans interruption depuis la cinquième !
Comment s’est passée l’élection cette année ?
Nous avons eu un afflux de candidats assez inhabituel, avec trois binômes en compétition dans ma classe. C’est un chiffre assez impressionnant. Quand j’étais en cinquième, la première année, il y avait seulement une dizaine d'éco-délégués à Lakanal. Aujourd’hui, nous sommes une centaine. Notre binôme a failli être battu au premier tour. Nous avons pris la parole devant la classe et je pense que c’est mon expérience d’éco-déléguée qui a joué en ma faveur.
Les non-élus sont déçus ?
Pas tant que ça car au final, c’est leur motivation qui compte. Quoi qu’il arrive, il y a toujours de la place pour les élèves volontaristes, ils peuvent tout à fait rejoindre les réunions et participer aux actions. Je note d’ailleurs que beaucoup d’éco-délégués sont aux abonnés absents et ne participent pas aux réunions. Cela leur fait une ligne de plus sur leur CV Parcoursup mais ils ne s’investissent pas. Le noyau des éco-délégués actifs est assez réduit.
Qu’est-ce qui vous motive ?
On ne peut plus ignorer l’écologie, notre planète est en danger. Ce qui me motive, c’est avant tout la sensibilisation aux questions d’environnement et de réchauffement climatique. Je préfère être dans l’action. Parmi les élèves, beaucoup s’en fichent, d’autres sont résignés sur le mode C’est foutu, on va tous mourir.
Avez-vous marché pour le climat ?
Pas encore mais c’est une action qui me tente.
Quel regard portez-vous sur les jeunes activistes ?
Il faut faire attention à ce que les actions ne soient pas contre-productives. Bloquer le périphérique, pourquoi pas, si l’on est capable de très bien expliquer pourquoi on le fait. L’essentiel à mes yeux est d’arriver à une prise de conscience généralisée des enjeux environnementaux.
Quel genre d’actions vous plaît ?
Les actions de sensibilisation, par voie d’affichage ou d’actions concrètes. Récemment, nous avons installé des tables de troc où les élèves déposent ce qu’ils n’ont pas mangé à la cantine et où chacun peut se servir. Nous avons aussi organisé des séances de ramassage des mégots dans le coin des fumeurs et installé des cendriers ludiques. Nous sommes aussi impliqués dans la rénovation du bâtiment scientifique, qui est une passoire énergétique. Nous allons bientôt organiser une visite avec des caméras thermiques qui permettront de détecter les déperditions de chaleur.
Quel est le rôle de la référente développement durable dans la Cité scolaire ?
Elle est très présente et a beaucoup d’idées, pour la Cité et au-delà. Elle crée des sondages, anime le groupe… Elle est souvent à l’origine des actions. La Cité est actuellement classée en niveau 2 de l’E3D, l’objectif est d’atteindre le niveau 3. Ce serait une reconnaissance de toutes les actions que nous avons menées et peut-être un moyen d’obtenir des subventions. Nous avons ainsi travaillé avec Vétérinaires sans Frontières qui nous a formés à la thématique du chocolat équitable. Nous pouvons ainsi nous rendre dans les écoles alentour pour sensibiliser les petits écoliers.
Avez-vous proposé des actions qui ont été refusées ?
Ce n’est jamais un « non » définitif. Nous avons voulu installer des ruches dans le parc pour favoriser la pollinisation mais les profs de SVT ont alerté sur le risque de cohabitation entre abeilles sauvages et domestiques. La solution pourrait être de créer une barrière de végétaux pollinifères, ce qui demande du temps. Nous voudrions aussi développer les menus végétariens à la cantine mais beaucoup d'élèves y sont fermement opposés. Nous avons lancé un sondage pour creuser la question. Beaucoup de projets en stand-by, donc !
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Comment motiver les candidats pour devenir éco-délégués ?
L’élection des éco-délégués a lieu en début d’année scolaire, en même temps que celle des délégués de classe. Sur Twitter, l’événement est traité avec un certain dédain par les élèves non-candidats. Vincent Carlier, principal du lycée Genevoix de Bressuire, note que ce sont un peu toujours les mêmes qui se présentent
. Des élèves surinvestis, membres à la fois de la maison des lycéens, des instances de l’UNSS ou de l’égalité homme-femme… « L’avantage, c’est qu’on les identifie facilement, sourit M. Carlier. Mais pour plus de participation, peut-être faudrait-il limiter ce cumul des mandats ?
Comment motiver les candidats ? Référent développement durable du collège République de Bobigny depuis 2019, Nicolas Esnault répète chaque année le même argumentaire. Notre collège comptant 900 élèves pour 100 adultes, je leur explique qu’il serait bon que les adultes ne décident pas de tout. Certains élèves le comprennent très bien et s’emparent à merveille de leur mission. J’explique aussi qu’en contrepartie de leur engagement, les éco-délégués bénéficient d’une formation. Par exemple, je les ai emmenés à Fontainebleau pour une journée en compagnie d’un guide de l’ONF qui leur a expliqué les mécanismes de gestion durable des forêts. Nous avons aussi invité deux journalistes qui leur ont donné des clés pour trier l’information.
Anne-Solène Masmejean insiste sur l’idée que les éco-délégués ne sont pas élus pour agir à la place des autres
. Ce ne sont pas des délégués au tri des déchets ou à l’extinction des lampes inutiles. Dans notre lycée, beaucoup d’éco-délégués ont marché pour le climat. Ils sont avant tout passeurs d’informations, avec l’idée d’entraîner leurs camarades dans l’application des décisions qui ont été prises pour l’établissement.
Les éco-délégués apportent leurs idées et leur créativité. Pour la chasse aux mégots, ils ont créé des cendriers ludiques à deux réservoirs. Le fumeur choisit le sien en répondant à une question : bleu ou rouge, vélo ou trottinette ?
L’eau, une ressource ultra-précieuse
Fontaine à eau installée par nos soins au championnat UNSS d’aviron indoor pour inciter à boire l’eau du robinet. Le mouvement MAIF Sport Planète est une source d’inspiration pour les éco-délégués et pour les jeunes éco-responsables de l'UNSS.
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Un vaste champ d’action
Dans le cadre du mouvement MAIF Sport Planète, nous avons résumé en huit vidéos C’est quoi le challenge ?
les enjeux majeurs d’une pratique sportive écoresponsable. L’eau, l’énergie, l’alimentation les ressources, les déchets, le réchauffement climatique, la mobilité et la biodiversité nous semblaient être les principaux points d’ancrage d’une politique durable. Un leitmotiv qui s’applique bien évidemment aux collèges et lycées et dont chaque éco-délégué peut se saisir. Dans les établissements scolaires, le développement durable intègre aussi une dimension bien-être, qui nous a permis de lancer, par exemple, des séances de yoga à destination des élèves, précise Vincent Carlier. Il faut bien comprendre que la démarche E3D est facultative. Nous sommes incités à la déployer par le ministère de l’Éducation nationale, mais la pression vient essentiellement de la société. Les parents d’élèves nous demandent de passer davantage de bio à la cantine ou nous exhortent à économiser l’énergie. Les élèves, eux aussi, sont très demandeurs. Cet hiver, notre plan de sobriété a été initié par les éco-délégués, qui ont relancé les consignes d’éteindre les lumières inutiles et ont demandé la suppression du chauffage dans les couloirs.
La cantine, lieu d’action
La cantine scolaire est au carrefour de tous les enjeux du développement durable entre équilibre alimentaire, circuits courts et lutte antigaspi. Dans bien des établissements, les éco-délégués organisent des séances de sensibilisation, par exemple en orientant les déchets vers une plateforme de compostage.
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Passer au niveau 3
Le niveau 3 du label E3D caractérise les établissements « experts » en développement durable. Pour atteindre ce stade, il faut dépasser le cadre de l’établissement et entreprendre des actions de territoire : le quartier, la ville, le département, la région, le pays, un autre pays !
Sur son site internet, le lycée Richelieu de Rueil-Malmaison, égrène une liste d’actions de toutes envergures : une convention avec le Rotary Club pour promouvoir la filière STI2D1, une projection de cinéma avec des invités scientifiques, des boules de graisse pour les oiseaux, des abris pour les hérissons, un réseau d’arrosage, le paillage du jardin et le broyage des végétaux, le recyclage des bouteilles, une imprimante 3D qui recycle les plastiques, une collecte de bouchons de bouteille, une vente au marché, une sensibilisation au travail des enfants dans les plantations d’Amérique centrale, une collaboration avec le Pérou, une collecte de jouets pour les enfants ivoiriens, une campagne de sensibilisation à la contraception pour le Nicaragua initiée en cours d’espagnol…
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Nos ressources utiles
- Le guide de l’éco-délégué contre la pollution des océans (avec Surfrider)
- C’est quoi le challenge ? Une web-série de 8 épisodes qui suggère une foule d’actions écoresponsables.
- Mon événement sportif zéro déchet, qui sera utile, par exemple, aux jeunes officiels de l’UNSS.
Pour les classes de primaire, une suggestion de nos militants MAIF du Cher : l’association Passerelles édite des kits pédagogiques gratuits d’éducation au développement durable destinés aux professeurs des écoles. Trois programmes actuellement en ligne : "Vivre avec le soleil", "Manger, bouger pour ma santé" et "Réduire mes déchets, nourrir la terre".
Côté MAIF
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1 Sciences et techniques de l'industrie et du développement durable. MAIF - Société d’assurance mutuelle à cotisations variables - CS 90000 - 79038 Niort cedex 9. Entreprise régie par le Code des assurances. L’association SURFRIDER FOUNDATION EUROPE, association régie par la loi du 1er juillet 1901, ayant son siège social 33 allée du Moura – 64200 BIARRITZ, identifiée au RNA sous le numéro W641001317 et au répertoire Sirene sous le numéro 388 734 220, Représentée par Nathalie Van Den Broeck, en sa qualité de présidente, dûment habilité à l’effet des présentes. Association Passerelles Accueil Éditeur Directeur de la publication – Pierre SELLES, Directeur Général Propriétaire du site internet – Association Passerelles – tél. : 02 51 62 69 30 – contact@passerelles-asso.net Siège Social – 79, rue Sadi Carnot 85000 La Roche-sur-Yon (FRANCE) Forme Juridique – Association loi 1901
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