Qu'est-ce qu'un sinistre sécheresse et quels liens avec l'assurance habitation ?

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MAJ octobre 2024

En faisant un tour de la maison, vous découvrez des fissures apparentes sur la façade. Après discussion et constatation avec vos voisins, vous n’êtes pas le seul concerné par cette situation. Il s’agit peut-être d’un sinistre déclenché par des épisodes de sécheresse couplés à une réhydratation rapide des sols. Si c’est effectivement le cas, cela peut avoir une incidence sur la prise en charge du point de vue de votre assurance habitation. Des questions ? On fait le point ensemble.

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Définition du phénomène de Retrait Gonflement des Sols Argileux (RGA)

Les fissures sur un bâtiment peuvent avoir différentes explications :

  • Le terrain,
  • Une infiltration d’eau dans les fondations par exemple.

Parmi ces causes, il arrive que l’on évoque parfois la "sécheresse" ou le "sinistre sécheresse".

Derrière ce nom générique et courant, on désigne en fait le « phénomène de retrait gonflement des sols argileux (RGA) ».

A savoir

Tout comme une éponge, les argiles s’enflent en présence d’eau et se rétractent en son absence. La succession de pluies et de sécheresses, aggravée par des événements météorologiques violents, entraine des mouvements de terrain différentiels.

Rechercher l’origine de ces dégradations est important. En effet, celle-ci a une incidence sur la prise en charge par la plupart des contrats d’assurance habitation.

Si votre périmètre d’habitation est concerné par le phénomène de retrait gonflement des argiles, votre organisme d’assurance peut prendre en compte ce type de dommages.

Mais pour cela, il est nécessaire que l’état de catastrophe naturelle soit déclaré au préalable. 

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Qu’est-ce que l’état de catastrophe naturelle ? 

Derrière cette expression d’état de « catastrophe naturelle », on retrouve non seulement une définition juridique mais aussi des conséquences pour les assurances.

La catastrophe naturelle n'est pas qu'une expression, c'est également une notion juridique.

Les effets des catastrophes naturelles sont établis par les dispositions de l’article L125-1 du code des assurances comme : « les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel, lorsque les mesures habituelles à prendre pour prévenir ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises ».

En ce sens, le retrait gonflement des sols argileux constitue une catastrophe naturelle.

Bon à savoir

Pour envisager une prise en charge de fissures causées par un RGA, il est nécessaire que votre commune obtienne au préalable la reconnaissance de cet état de catastrophe naturelle.

Pour cela, il faut se renseigner sur la publication d’un arrêté dans le Journal Officiel définissant la zone sinistrée et la période concernée. C’est en présence de cet arrêté que les dommages peuvent parfois être éligibles à une prise en charge de votre compagnie d’assurance.

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Comment reconnaître une fissure due à la sécheresse ?

Les dommages affectent principalement la charpente du bâtiment et peuvent se traduire par : 

  • Une fissuration de vos structures (qui garantissent la stabilité et la durabilité de l’habitation) qu’elles soient enterrées ou aériennes.
  • La rupture de vos canalisations.
  • L’écroulement de ces structures ou bien le décollement des annexes qui y sont accolées.
  • La distorsion de vos ouvertures (comme les portes et les fenêtres).
  • Le désencastrement des éléments de charpente ou de chaînage.
  • Le décollement des revêtements (enduit, revêtements muraux et sol…).

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Comment savoir si j’habite dans une zone concernée par le sinistre sécheresse ? 

L’ensemble du territoire français est vulnérable.

Plus particulièrement, les plus exposés d’entre nous se situent dans les régions appartenant au « croissant argileux » qui s’étend du Var au Centre-Val-de-Loire en passant par le bassin de la Garonne.

Risques du retrait-gonflement des argiles

Certains facteurs particuliers peuvent favoriser le retrait gonflement des argiles et ainsi provoquer des dégâts sur votre habitat. Par exemple, la nature du sol peut être mise en cause : la proportion ou bien l’épaisseur des argiles accentue le risque de sinistre sécheresse.

Aussi le contexte hydrogéologique, c’est-à-dire l’analyse des eaux souterraines, comme la présence d’une nappe phréatique à une faible profondeur peut contribuer à l’apparition de ce phénomène. 

Le cas emblématique de l’habitation sinistrée est la suivante : une maison individuelle de plain-pied ayant des fondations sensibles (contrairement à celles des immeubles collectifs) et inadaptées. Le tout couplé à une présence d’arbres à proximité du bâti, dont les racines agissent sur le retrait de l’eau dans les sols, renforçant le risque. 

Pour savoir plus...

Pour savoir si votre habitation est concernée, vous pouvez consulter la plateforme Aux Alentours.

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Comment fonctionne l’assurance en cas de catastrophe naturelle comme la sécheresse ?

Quand déclarer un sinistre sécheresse ?

Vous constatez des fissures sur la surface de votre bâtiment, mais vous ne savez pas si un arrêté a été publié au Journal Officiel ? Pas de panique, consultez ici les arrêtés catastrophes naturelles adoptés dans votre commune.

Si vous êtes locataire, c’est à votre propriétaire de faire la déclaration auprès de son assureur. 

Le délai de déclaration en cas de catastrophe naturelle est de 30 jours maximum pour la déclaration d’un sinistre. Cette déclaration peut se faire 10 jours à compter de la date de publication de l’arrêté.

Déclaration sinistre sécheresse : comment faire ?

Votre premier réflexe sera d’appeler votre compagnie d’assurance.

Tout comme les autres types de sinistres, vous pouvez effectuer votre déclaration en ligne. Il vous faudra faire une description de l’incidence et des dommages causés sur le bâti pour bénéficier de la meilleure prise en charge possible.

Il ne vous restera plus qu’à attendre la réponse de votre assureur qui vous renseignera sur les dispositions de votre contrat. Celui-ci peut également décider de faire intervenir un expert ou une experte qui se prononcera pour déterminer si le retrait gonflement des argiles constitue le fait générateur des dégradations observées.

Les dégâts généralement pris en charge par l’assureur

Le rapport d’expertise pourra ordonner la réalisation de mesures complémentaires, telles que des études de sol et procédera au chiffrage des travaux de réparation nécessaires.

Bien qu’elles soient parfois impressionnantes, toutes les fissures ne se valent pas. Classées en cinq catégories variant en fonction des critères (comme la largeur, le degré par exemple) les modes opératoires de réparation associés sont souvent différents.

Important !

Il faut également savoir que la prise en charge par votre compagnie d’assurance englobe uniquement les dommages directs à votre habitation (les dommages indirects et les dommages immatériels sont exclus du régime catastrophe naturelle). 

Franchise en cas de sinistre sécheresse : comment cela fonctionne-t-il ?

Tout comme les autres sinistres causés par une catastrophe naturelle, la plupart du temps une franchise restera à votre charge comme assuré.

Concernant les dégâts liés au phénomène de retrait gonflement des sols argileux, les pouvoirs publics ont défini un cadre d’exception en raison de la difficulté à appréhender ce type de sinistre.

Pour les biens particuliers à usages d’habitation, le montant de la franchise applicable est fixé à 1520 €. 

Quelles exceptions ? 

Chaque situation a ses exceptions !

Vous habitez dans une copropriété ? Tout dépend de la nature de la partie ayant été endommagée par le sinistre. En principe, c’est à la copropriété qu’il revient de faire sa déclaration.

Votre logement n’est pas habitable durant la période de travaux ? S’il s’agit de votre résidence principale, votre organisme d’assurance intervient sur les questions de relogement.

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Comment protéger votre habitat face à un accident naturel comme la sécheresse ? 

Un phénomène de plus en plus récurrent

En lien avec le dérèglement climatique, les études d’impact réalisées par Météo-France et la Caisse de réassurance prévoient une augmentation annuelle du nombre de communes éligibles à la reconnaissance de l’état de catastrophe annuelle.

Le délai moyen de reconnaissance de cet état est environ de 18 mois. 

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles engendre annuellement des dégâts considérables. Avec près de 11 millions de maisons en France situées dans une zone d’exposition forte ou moyenne, il est indispensable de prendre des mesures préventives.

Adopter les bons gestes et limiter les risques

Votre commune est régulièrement soumise à des périodes d’importantes crues puis de sécheresses ?

Pas de panique...

Notre plateforme Aux Alentours vous donne 4 conseils pour réduire la vulnérabilité de votre habitat :

  • Vérifier la bonne étanchéité des réseaux d’eau (eaux pluviales, eaux usées).
  • Éloigner la végétation pour éviter l’effet de succion de plantes qui assèchent les sols (distance égale à au moins 1.5 fois la hauteur de l’arbre à taille adulte).
  • Imperméabiliser le contour du bâti via une membrane ou un trottoir pour garder un taux constant d’humidité aux abords et limiter l’évaporation. 
  • Si votre terrain est en pente, prévoir un drainage déporté.

En d’autres termes, limiter le risque de sinistre sécheresse signifie d’éviter de trop fortes variations du taux d’humidité dans le sol.

En éloignant les arbres (qui pompent l’eau nécessaire à leur survie) ou en plaçant un écran anti-racines autour de chacun d’eux. Puis en raccordant les eaux usées et pluviales au réseau collectif ou à des récupérateurs d’eau (une solution idéale pour arroser votre potager !).

À retenir

Pour une prise en charge personnalisée, le plus simple est de contacter directement votre assureur.

Côté MAIF1

L’Assurance Habitation MAIF comprend un socle de garanties solides dès la première formule :  Les dégâts causés à la suite d’un événement climatique ou d’un incendie par exemple sont couverts. Elle propose également un service de dépannage urgent pour votre chauffage.

Pour renforcer la protection de vos biens, nous vous recommandons notre formule 3 qui élargit la couverture aux autres dommages accidentels, comme la casse.

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