
Professeurs en terrain " Troubles ". Dans une classe, un élève sur huit en moyenne souffre de troubles, selon l’INSERM. Difficilement repérables, ils sont donc généralement dépistés tardivement.
Eric Berbudeau, Journaliste MAIF Mag
8 min
MAJ janvier 2025
Le problème n’est pas nouveau mais semble s’intensifier. Vos élèves ne dorment pas assez. Un manque de sommeil les expose au risque de somnoler en classe, mais aussi à des difficultés d’apprentissage, car le cerveau est actif la nuit… Quelles sont les solutions à votre portée ? Comment sensibiliser à ce sujet les élèves et leurs parents ?
« Je suis très embêtée par un problème très récent : de plus en plus, j'ai des élèves qui dorment en classe, profondément. Ils ronflent même, avec un ronflement fort de fin de nuit, et peuvent être durs à réveiller. Cela m’inquiète car, pour le coup, je n’ai pas la clé. Je ne peux pas être chez eux pour leur demander d’éteindre l’ordi ou le téléphone… » C’est un extrait de « Faire classe », l’un des quatre épisodes de LSD, La Série Documentaire que France Culture vient de consacrer aux enseignants.
Le manque de sommeil est un problème récurrent dans nos sociétés modernes, et il a des répercussions particulièrement significatives sur la concentration et la performance des élèves, qu’ils soient à l'école, au collège, au lycée ou à l'université. L’inattention en classe, souvent liée à un sommeil insuffisant, est devenue un sujet de préoccupation pour les équipes éducatives, les parents et les chercheurs. Comment réagir ? Quelles solutions peuvent inverser la courbe de la somnolence à l’école ? Elles existent et méritent d’être connues des élèves et de leurs familles.
Le sommeil est un élément fondamental pour le bon fonctionnement du cerveau, en particulier pour les processus cognitifs tels que l'attention, la mémorisation et la capacité de raisonnement.
Pendant le sommeil, notamment durant les phases de sommeil paradoxal, le cerveau traite les informations reçues au cours de la journée et consolide les connaissances acquises.
Le manque de sommeil perturbe ces mécanismes et entraîne une altération des capacités cognitives essentielles à l’apprentissage.
« Les tâches complexes nécessitant une pensée abstraite, de la créativité, de l'intégration et de la planification sont principalement influencées par des problèmes liés au sommeil, souligne cette méta-analyse d’études scientifiques. Ces tâches, qui représentent un fonctionnement neurocognitif d'ordre supérieur, sont toutes caractérisées par une implication du cortex préfrontal, dont on sait qu'il est sensible au sommeil. »
Dans le détail, on sait aussi qu’il existe aussi une « qualité de sommeil », qui ne se mesure pas seulement par sa durée. Les neurosciences commencent à définir notamment le rôle des cycles du sommeil dans la consolidation de la mémoire.
Enfin, même si c’est l’impact du sommeil sur les apprentissages qui justifie ce dossier, il ne faut pas oublier qu’un manque de sommeil a d’autres conséquences pour les enfants, augmentant les risques de syndromes dépressifs, d’obésité, de diabète ou de baisse des défenses immunitaires…
Un guide de référence
Mieux dormir pour mieux apprendre : sous ce titre, le Conseil scientifique de l’Éducation nationale a livré une synthèse sur l’état de la recherche sur le sommeil des élèves, ainsi que des recommandations adaptées à tous les niveaux scolaires.
Ce travail a été réalisé sous la direction de Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie à l’université Lyon 1, dont nous parlerons plus loin.
L'impact du manque de sommeil varie selon l'âge, les habitudes de vie et le mode de gestion du temps de chaque élève. Globalement, les causes du manque de sommeil chez les élèves sont multiples et parfaitement connues :
Depuis que même les plus jeunes se connectent aux écrans en soirée, le rôle perturbateur des smartphones est souvent cité comme une cause majeure du déficit de sommeil des enfants.
Houlala ! Vaste débat toujours ouvert. C’est clair qu’entre les recommandations de l’Académie de médecine et les contraintes de l’institution scolaire, il reste des évolutions possibles pour mieux prendre en compte les rythmes biologiques des élèves.
Depuis un décret de 2017
Des dérogations ont conduit les communes à s’engager dans ce débat. Il était déjà très présent dans les premières années de scolarisation, où la nécessité de « penser le sommeil en équipe » s’impose.
Le sujet est malheureusement moins souvent pris en compte dans les emplois du temps du secondaire ou à l’université.
Pourtant, la mise en place de moments de relaxation pendant la journée pourrait permettre aux élèves de se ressourcer et de réduire la fatigue accumulée.
À noter
La question du sommeil est très présente à l’esprit des personnels médicaux de l’Éducation nationale.Les élèves souffrant de troubles du sommeil, tels que l'insomnie chronique ou l'apnée du sommeil, devraient être évidemment suivis médicalement. Un diagnostic précoce et des interventions adaptées peuvent permettre de corriger ces problèmes et d’améliorer leur qualité de vie.
Globalement, il est important de sensibiliser les élèves, les enseignants et les parents à l’importance du sommeil pour la santé mentale et physique, ainsi qu’à son rôle dans la réussite scolaire.
Des campagnes de prévention peuvent bénéficier à tous. « Plus d’1 parent sur 2 (56 %) déclare souffrir d’au moins un trouble du sommeil. Ils sont 66 % dans les familles monoparentales », indique l’enquête INSV/MGEN 2022, qui relève aussi que les parents bien informés sur le sommeil dorment 20 minutes de plus que les autres !
L’impact récent des distracteurs technologiques (smartphone notamment) sur le sommeil mérite une attention particulière, tant ils se généralisent même chez les plus jeunes.
Digital Practices Awareness, a proposé à des adolescents de disposer d’une application pour mieux cerner le temps passé sur leurs téléphones et les conséquences de ces pratiques.
Ce projet a permis de quantifier l’efficacité du programme Trois semaines pour mieux dormir, une web application conçue par Stéphanie Mazza et l’équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL).
À noter
Grâce aux chercheurs du CRNL, parents et enseignants disposent de deux programmes utiles :
Dans les deux cas, l’humour est très présent. La légèreté est utile pour trouver un sommeil de plomb...
Côté MAIF
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Bien que l'hyperactivité soit un terme entré dans le langage courant, ce trouble demeure méconnu, et reste difficile à cerner tant que l'on n'y est pas confronté directement. Il divise les spécialistes et suscite beaucoup de controverses. Afin de mieux comprendre son ampleur, des parents et des professionnels de l'Education nationale apportent réponses et solutions.
Comme le précise le site Eduscol : « Face aux troubles des apprentissages, il n'y a pas de réponse commune, chaque enfant est unique. Ces troubles peuvent être liés à une dyslexie/dysorthographie, une dyspraxie, une dyscalculie, un TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité), à des troubles des fonctions exécutives (trouble de la planification, du traitement séquentiel, et de la mémoire de travail) » ou encore à un TSA (trouble du spectre de l’autisme). Dans le second degré, plus de 36% des élèves présentent des troubles des fonctions cognitives. Les conseils pratiques ci-dessous vous aideront à la fois à entrer en relation avec ces élèves, mais aussi à trouver votre place dans l’environnement aidant qui se construit autour d’eux.
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