Profiter d'une période de chômage pour se lancer en freelance : le guide complet

Claire Michard, Consultante et chef de projet freelance

20 min


MAJ septembre 2023

C’est un des sujets les plus discutés par les futurs freelances : comment créer son activité en étant au chômage ? Peut-on cumuler indemnités Pôle Emploi et chiffre d’affaires ?  ACRE, ARE, ACCRE, ARCE, NACRE : quelles sont les aides, comment savoir si on y a droit ? Auto-entrepreneur, EURL, SASU, portage : quel statut choisir ?

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Vous souhaitez vous lancer en freelance ? Voici de bonnes raisons :

De plus en plus de freelances profitent d’une période de chômage pour se lancer en SASU, en EURL ou en auto-entreprise. 

  • Cela peut venir d’un désir de liberté, après une longue période de salariat. On n’a plus envie d’aller tous les jours au bureau, de respecter les horaires de travail imposés, de devoir rendre des comptes à un chef ou de supporter ses collègues. Après quelques années (ou plus) d’expérience professionnelle, on se sent suffisamment compétent pour proposer ses services et on se dit : indépendant, pourquoi pas ?
  • Le choix du freelancing peut aussi être économique : quand on ne reçoit pas de réponse à ses candidatures, quand on se fait toujours recaler aux entretiens, au bout d’un moment la peur se fait sentir. D’autant plus en période de crise, quand les entreprises licencient et que les recrutements sont reportés. 
    Sans parler de l’ennui qui toque à la porte au bout de quelques mois d’inactivité.
  • Quelle que soit la situation, le chômage est une période propice pour se lancer dans le freelancing ou l’entrepreneuriat, car c’est une période où l’on a du temps : pour réfléchir à ce que l’on souhaite faire, pour se renseigner, tester, contacter des gens.

De plus, le chômage ouvre la porte à des aides bien utiles pour se lancer en limitant les risques.

Que vous soyez indemnisé par Pôle Emploi ou pas, quelle que soit votre activité : le statut de chômeur offre des avantages considérables pour vous lancer !

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Connaissez-vous les aides pour devenir freelance ?

Être au chômage et créer son entreprise, c’est possible. Mais entre l’ARE, l’ARCE, l’ACCRE, l’ACRE, le NACRE… On dirait que nos administrations font exprès de nous embrouiller la tête avec tous ces acronymes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. À propos d’eau, j’ai moi aussi versé pas mal de gouttes de sueur pour comprendre toutes ces subtilités lorsque je me suis lancée. Je vais vous expliquer de quoi il en retourne.

l'ARE - Aide au Retour à l'Emploi

C’est votre indemnité chômage.
Comme vous le savez sans doute, votre ARE est calculée en fonction des salaires moyens perçus pendant les 2 années précédant votre inscription à Pôle Emploi.
Pour commencer, rappelons que suite à la réforme de 2021, il faut avoir travaillé un minimum de 130 jours ou 910 heures (soit environ 6 mois) sur une période de 24 mois (ou 36 mois pour les 53 ans et plus) pour pouvoir ouvrir ou recharger des droits à l’assurance chômage.

Depuis octobre 2021, voici comment Pôle Emploi calcule votre ARE :

Tout d’abord, on calcule votre durée d’indemnisation. Si vous avez travaillé à temps plein sur les 24 derniers mois, vous avez droit à 24 mois. Sinon, on prend le nombre de jours entre le 1er et le dernier jour où vous avez travaillé sur la période de référence (en plafonnant les longues périodes d’inactivité). La période de référence, c’est 24 mois si vous avez moins de 53 ans, 36 mois au-delà.
Ensuite, on calcule un salaire journalier, qui sert de base au calcul de votre ARE. On prend le total des salaires et primes reçus sur la période de référence. On le divise par votre nombre de jours d’indemnisation : c’est votre salaire journalier de référence.
Pour calculer votre ARE, Pôle Emploi prend en compte le montant le plus avantageux entre les 3 options ci-dessous  :

  • 57 % de votre Salaire Journalier de Référence
  • 40,4% de votre Salaire Journalier de Référence + 12,05 €
  • L’allocation minimale prévue par le gouvernement, soit 29,38 €/jour
Le montant le plus élevé entre les 3 options, c’est votre Indemnité Journalière. Pôle Emploi multiplie ensuite ce chiffre par le nombre de jours dans le mois.
Résultat : ça donne le montant mensuel de votre ARE. 

Vous le toucherez chaque mois pendant 24 mois maximum (sauf si vous retravaillez entre temps, que ce soit en tant que salarié ou indépendant : on va y venir). Si vous avez plus de 53 ans, la durée d’indemnisation maximum passe à 30 mois, et si vous avez plus de 55 ans, elle passe à 36 mois.
Alors si vous êtes au chômage, et que vous décidez de lancer votre SASU, EURL ou micro entreprise, vous pourrez continuer à bénéficier de ce dispositif. Mais seulement sous certaines conditions que j’expliquerai plus tard. 

L'ACRE - Aide aux Créateurs et Repreneurs d'Entreprise

Depuis 2019, elle remplace l’ACCRE. 
Et depuis 2020, elle est réservée à un certain public, dont les demandeurs d’emploi font partie, indemnisée ou non. 
Vous devez donc être inscrit à Pôle Emploi pour en faire la demande. L’ACRE vous permet de bénéficier d’une exonération de charges sociales la première année de votre activité : je vous explique tout ça juste en dessous.
Précisions : les informations qui suivent sont valables pour les demandeurs d’emploi qui ont créé leur entreprise à partir de 2020. L’ACRE a beaucoup évolué ces dernières années, et sera peut-être amenée à évoluer encore dans les années à venir.

L'ACRE : Pour qui ?

L’ACRE s’adresse aux travailleurs non salariés qui créent leur activité (y compris les auto-entrepreneurs ou micro-entrepreneurs), ainsi qu’aux créateurs ou repreneurs de société (dès lors qu’ils détiennent le contrôle de la société : rendez-vous sur cette page pour les détails).

Attention

Vous devez faire la demande d’ACRE au moment de la création de votre entreprise ! Si vous avez oublié de cocher la case “demande de l’ACRE” au moment du dépôt de votre dossier de création d’entreprise, vous pouvez en faire la demande au plus tard 45 jours après ce dépôt en remplissant ce formulaire.

Les avantages de l'ACRE

L’ACRE est très utile puisqu’elle va alléger le montant de vos charges sociales. Elle va ainsi maximiser le bénéfice que vous pourrez tirer de votre chiffre d’affaires la première année.
À quoi correspond cette exonération ?
Il y a deux cas de figure :

  • Vous êtes auto-entrepreneur : l’aide vous permet de bénéficier de 50 % d’exonérations de charges la première année. Si vous êtes freelance, votre taux de charges sociales en tant qu’auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur) est de 22 %. Avec l’ACRE, vous ne payerez que 11 % de charges la première année.
  • Vous avez opté pour un autre statut (SASU, par exemple) : vous bénéficiez d’une exonération totale de charges sociales la première année si votre chiffre d’affaires ne dépasse pas 30 852 €, et d’une exonération dégressive au-delà. Plus d’infos sur le site du Service Public).

Attention

Un délai de 3 ans minimum doit être respecté entre deux demandes d’ACRE. Si vous avez déjà bénéficié de l’ACCRE ou de l’ACRE au cours des 3 dernières années, vous devez donc attendre. 
Cela signifie aussi que si vous faites une demande d’ACRE aujourd’hui, vous n’y aurez plus droit pendant les 3 prochaines années. 
Cela peut être un point de vigilance si votre statut de freelance est transitoire, et si vous avez l’intention de monter une autre entreprise dans les 3 années à venir. Dans ce dernier cas, peut-être, avez-vous intérêt à conserver vos droits à l’ACRE pour votre prochain projet entrepreneurial !

L'ARCE - Aide à la Reprise ou Création d'Entreprise

L’ARCE (Aide à la reprise ou création d’entreprise), à ne pas confondre avec l’ACRE (vous me suivez ?) vous permet de recevoir sous forme de capital une partie des indemnités chômage qui vous sont dues, afin de financer le lancement de votre activité.
L’ARCE est accessible à tous les créateurs d’entreprise, quel que soit leur statut juridique (EURL, SASU, micro entreprise).
Pour en faire la demande, vous devez bien sûr être inscrit à Pôle Emploi, et être indemnisé (bénéficiaire de l’ARE). Vous devez aussi être bénéficiaire de l’ACRE (présentée dans le chapitre précédent) pour en faire la demande.
L’ARCE vous permet de recevoir une somme d’argent égale à 45 % du total des indemnités (ARE) qui vous sont dues, en deux fois : le premier versement dès que votre demande est validée, et le deuxième 6 mois plus tard.
Ce dispositif est intéressant pour celles et ceux :

  • qui ont un reliquat d’indemnités chômage important
  • qui ont besoin de trésorerie pour lancer leur activité
  • qui sont confiants dans le fait que leur entreprise leur assurera des revenus. En effet, une fois que vous avez touché l’ARCE, vous ne serez plus indemnisé par Pôle Emploi !

Si vous n’êtes pas dans l’un de ces cas, l’ARCE n’est peut-être pas intéressante pour vous : vous pouvez avoir intérêt à choisir à la place le maintien de votre ARE (on y vient dans le prochain chapitre).
C’est un point important : si vous optez pour l’ARCE, ensuite vous serez sans filet de sécurité. Vous n’aurez plus à vous actualiser tous les mois et serez radiés de Pôle Emploi. 
Précisons tout de même que si, pour une raison ou une autre, vous deviez liquider votre entreprise la première année, il est possible de faire une demande de réinscription à Pôle Emploi, afin de toucher le solde de ses droits.

NACRE - Nouvel Accompagnement pour la Création ou la Reprise d'Entreprise

Le NACRE est une aide à la création d’entreprise réservée aux demandeurs d’emploi. Elle ne s’adresse pas vraiment aux freelances, mais plutôt aux créateurs ou aux repreneurs d’entreprises “traditionnelles”. Il ne s’agit pas d’une aide financière, mais d’un accompagnement au montage, à la structuration et au développement.
Si vous êtes au chômage et que vous prévoyez de lancer votre SASU ou EURL, vous pourrez bénéficier de précieux conseils sur la création de société.

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Pouvez-vous cumuler indemnités chômage et auto-entrepreneur ?

Comme on l’a vu, vous pouvez choisir de recevoir en deux fois 45 % de vos indemnités Pôle Emploi pour financer le lancement de votre activité, avec l’ARCE.
Mais le dispositif de l’ARCE n’est pas intéressant pour tout le monde. Il peut être plus intéressant de conserver vos indemnités Pôle Emploi (votre ARE) et de les cumuler avec les revenus dégagés par votre entreprise.
En effet, si vous vous lancez en freelance, vous n’avez normalement que peu d’investissement à réaliser, et donc pas besoin d’un gros capital de départ. 
De plus, vous ne savez pas si vous pourrez tout de suite vous dégager un revenu suffisant pour vos besoins. 

- Alors vous vous demandez sans doute : est-ce que je peux lancer mon activité freelance en continuant à toucher le chômage tous les mois ?
Et bien oui, c’est possible !
Vous pouvez tout à fait lancer votre activité, en bénéficiant de l’ACCRE (qui diminue vos charges la première année, vous suivez toujours ?) et en optant pour le maintien de l’ARE (votre indemnisation Pôle Emploi).

- Mais attention : comme le dit le dicton, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, etc. 
Si votre activité de freelance vous apporte une rémunération importante, il est évident que Pôle Emploi ne va pas en plus vous verser l’intégralité de vos indemnités, chaque mois, pendant 2 ans. Par contre, vous conserverez vos droits, qui se décaleront dans le temps.

- Alors comment ça se passe ? 
Il y a plusieurs cas de figure, qui dépendent en partie du statut juridique de votre entreprise. D’où l’importance de choisir le bon statut. Continuez à me suivre, vous allez voir, ce n’est pas si compliqué !

Cas n°1 : Auto-entrepreneur et maintien de l'ARE

Si vous optez pour le statut d’auto-entrepreneur (ou micro entreprise, c’est la même chose), vous pouvez tout à fait conserver votre ARE. Par contre, dès lors que vous encaissez un chiffre d’affaires, l’Etat considère que vous vous versez une rémunération. Vous allez donc déclarer chaque mois votre chiffre d’affaires à Pôle Emploi en vous actualisant, et en fonction du montant, Pôle Emploi va déclencher ou pas le versement de votre ARE.

Chômage et micro entreprise : les avantages

Ce système est très intéressant, pour deux raisons :

  • Vous allez pouvoir augmenter vos revenus, car le cumul chiffre d’affaires + ARE peut largement dépasser le montant de l’ARE seule, comme on va le voir. C’est une mesure qui incite à travailler et à encaisser du chiffre d’affaires.
  • Pôle Emploi transforme votre chiffre d’affaires en “jours non indemnisés”. Chaque jour non indemnisé n’est pas perdu, au contraire ! Plus vous déclarez du chiffre d’affaires, moins Pôle Emploi va puiser dans votre ARE pour vous indemniser, et plus vous allez “économiser”, en quelque sorte, vos droits au chômage. 

Je vous donne un exemple concret : personnellement, je suis inscrite à Pôle Emploi depuis plus de 3 ans. Et bien, comme j’ai beaucoup travaillé en tant qu’auto-entrepreneur, il me reste encore plus de 200 jours d’indemnisation ! De quoi voir venir en cas de problème.

Comment ça marche concrètement ?

Premièrement, dès la création de votre statut d’auto-entrepreneur auprès de l’URSSAF, vous devez informer votre conseiller Pôle Emploi et lui transmettre des justificatifs.
Vous allez créer votre compte sur le site www.lautoentrepreneur.fr, qui vous permettra de déclarer votre chiffre d’affaires et de payer vos charges. Je vous conseille très fortement d’opter pour une déclaration mensuelle de votre chiffre d’affaires et non-trimestrielle : ce sera beaucoup plus pratique pour vos échanges avec Pôle Emploi.
J’insiste sur le fait que vous devez absolument informer Pôle Emploi de votre choix (déclaration mensuelle ou trimestrielle).
Ensuite, chaque mois, vous vous actualisez comme d’habitude sur votre espace personnel Pôle Emploi.

Comment s'actualiser auprès de pôle emploi quand on est auto-entrepreneur ?

C’est une question à laquelle il est difficile d’obtenir une réponse claire, alors je vous donne les clés.
Tout d’abord, à la question “avez-vous travaillé”, vous répondrez “oui”.
Nombre d’heures travaillées : vous devez déclarer 151 h.
Montant de votre salaire brut : vous déclarez votre chiffre d’affaires encaissé le mois précédent, en déduisant l’abattement forfaitaire correspondant à votre secteur d’activité :

  • 71 % du CA pour les activités d’achat-revente ou de fourniture de logement
  • 50 % du CA pour les autres activités relevant des BIC (commerce, industrie, artisanat)
  • 34 % du CA pour les BNC (professions libérales).

La plupart des freelances sont dans le dernier cas (profession libérale).

Ainsi, que vous soyez développeur, graphiste, rédacteur ou consultant, c’est la même chose : l’Etat considère que votre revenu équivaut à votre chiffre d’affaires moins 34 % (autrement dit : 66 % de votre chiffre d’affaires). C’est d’ailleurs cette somme qui va être prise en compte pour le calcul de votre impôt sur le revenu. 
Et c’est aussi cette somme qui sera prise en compte pour le calcul du maintien (ou non) de vos indemnités Pôle Emploi.

Un exemple concret : Julie, webdesigner freelance et auto-entrepreneure

Pour que ce soit clair, rien ne vaut un exemple.
Julie touchait 2 000 € nets par mois quand elle était salariée.
Maintenant, qu’elle est au chômage, elle touche 1 300 € nets par mois d’ARE (soit environ 43 € d’indemnité journalière).
Elle se lance comme graphiste indépendante, et choisit le statut d’auto-entrepreneur.
Le 1er mois, elle encaisse 0 € de chiffre d’affaires. 
Au début du mois suivant, elle s’actualise sur le site de Pôle Emploi et déclare qu’elle a travaillé 151 h, mais qu’elle a touché 0 € de revenu.
=> Comme elle a touché 0 € de revenu, Pôle Emploi lui versera l’intégralité de son ARE, à savoir 1300 €.
Le 2ème mois, elle encaisse 2 000 € de chiffre d’affaires. 
Elle déclare à Pôle Emploi qu’elle a travaillé 151 h (toujours) et elle déclare son chiffre d’affaires abattu, c’est-à-dire 0,66*2000 = 1 320 €. 
Pôle Emploi applique à nouveau un abattement, de 30 % cette fois-ci, sur le montant déclaré : on arrive donc à 0,7*1320 = 924 €. 
C’est ce chiffre que Pôle Emploi considère comme étant le salaire net de Julie. Il correspond à environ 21 indemnités journalières pour Julie (puisque son ARE est de 43 € par jour).
Comme il y a 30 jours dans le mois, Pôle Emploi va déclencher le versement de 9 jours d’ARE, soit 387 €.
Vous voyez bien l’intérêt de ce dispositif : en étant bénéficiaire de l’ACCRE, Julie ne paye que 11 % charges sociales. Avec 2 000 € de chiffre d’affaires, une fois ses charges payées (et les 0,20 % de taxe sur la formation professionnelle), il lui restera 1 776 €; et Pôle Emploi va quand même compléter en lui versant 387 €. Elle optimise donc sa rémunération en cumulant revenu d’activité et ARE.

Comment justifier votre chiffre d'affaires auprès de pôle emploi ?

Vous vous posez peut-être la question : quand je déclare mon revenu à Pôle Emploi en début de mois, au moment de l’actualisation, quel justificatif dois-je joindre ?
Le ou les premier(s) mois, vous n’aurez pas encore de justificatif de chiffre d’affaires à transmettre à Pôle Emploi (et sans doute pas de chiffre d’affaires à déclarer). Pôle Emploi va donc vous verser une avance :

  • Si vous avez choisi la déclaration mensuelle de chiffre d’affaires : vous percevrez une avance de paiement correspondant à 80 % du montant de vos droits à l’ARE.
  • Si vous avez choisi la déclaration trimestrielle : vous recevrez une avance de 70 % du montant de vos droits à l’ARE.

Une fois que vous aurez fait votre première déclaration de chiffre d’affaires sur le site de l’URSSAF www.lautoentrepreneur.fr, vous pourrez télécharger le justificatif de cette déclaration : c’est ce document que vous avez à transmettre à Pôle Emploi comme justificatif de rémunération dans la foulée de votre actualisation.
C’est pour cela que j’insiste sur le fait que la déclaration mensuelle est plus pratique pour les autoentrepreneurs qui continuent à s’actualiser chaque mois : si vous optez pour la déclaration mensuelle, chaque mois, vous allez déclarer votre chiffre d’affaires à l’URSSAF, et ensuite faire votre actualisation. Le montant versé par Pôle Emploi sera au plus près de la réalité et vous n’aurez pas de risque de trop-perçu à rembourser.

 

Cas n°2 : Entreprise traditionnelle et maintien de l'ARE

Le statut de la micro entreprise ne convient pas à tout le monde.
Si vous envisagez de dépasser le plafond (pour rappel, 72 500 € pour les prestations de services et professions libérales), vous devrez créer une entreprise “traditionnelle” : EURL ou SASU. Cela peut être aussi pour d’autres raisons : parce que vous avez des frais déductibles importants, parce que vous re-facturez des prestations opérées par des tiers, ou parce que vous envisagez d’avoir des associés un jour… 
Bref : vous pouvez faire le choix d’un autre statut que la micro entreprise pour votre activité de freelance.
Dans ce cas, pouvez-vous continuer à percevoir vos indemnités chômage après la création de votre entreprise ? La réponse est à nouveau : Yes, you can !

Maintien total de l'ARE pour le créateur d'entreprise

Si vous créez une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) ou une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) imposée à l’Impôt sur les Sociétés (IS), vous pouvez choisir de ne pas vous verser de rémunération au début.
Tant que c’est le cas, vous continuerez à percevoir votre ARE chaque mois, jusqu’à l’expiration de vos droits au chômage. Pendant ce temps, votre chiffre d’affaires vient gonfler la trésorerie de votre entreprise. Vous pouvez même choisir de vous verser des dividendes en fin d’année : ce n’est pas considéré comme une rémunération.1

Maintien partiel de l'ARE pour le créateur d'entreprise

Si vous choisissez de vous verser un salaire dès le début, vous pouvez prétendre au maintien partiel de l’ARE si celui-ci ne dépasse pas le montant de votre salaire journalier de référence.
Dans ce cas, le fonctionnement est globalement le même que pour les auto-entrepreneurs (voir chapitre précédent, tout y est expliqué !) : vous allez vous actualiser chaque mois sur le site de Pôle Emploi, et déclarer la rémunération que vous avez touchée le mois précédent (attention, votre rémunération, pas votre chiffre d’affaires). 
Vous devrez joindre un justificatif, bulletin de paie ou PV d’assemblée générale justifiant de votre rémunération.
Pôle Emploi prendra en compte 70 % de votre rémunération pour déterminer (ou pas) le versement de votre ARE en complément. Et cela durera tant que vos droits ne seront pas expirés.

Cas n°3 : Portage salarial ou CAE maintien de l'ARE

Dernier cas de figure à étudier si vous créez votre activité freelance en étant au chômage : opter pour le portage salarial ou rejoindre une Coopérative d’Activité et d’Emploi (CAE).
Une entreprise de portage salarial et une coopérative d’activité ont le même fonctionnement, globalement : vous êtes lié à elles par un contrat de travail. C’est la structure qui facture vos prestations et encaisse votre chiffre d’affaires ; de votre côté, vous avez un statut de salarié, et percevez chaque mois un salaire. C’est vous qui déterminez le montant de votre salaire, en fonction du chiffre d’affaires que vous générez.

Quels sont les avantages et inconvénients ?

  • L’avantage : c’est un statut plus protecteur que le statut d’entrepreneur (en cas d’arrêt-maladie, par exemple). Il vous permet de recharger vos droits au chômage puisque vous êtes salarié, et offre une certaine stabilité (bulletin de salaire, congés payés, retraite…)
  • L’inconvénient : vous payez le même taux de cotisations qu’un salarié, et la structure prélève sur votre chiffre d’affaires de frais de gestion (entre 5 et 15 % de votre chiffre d’affaires).

Le cas de Julie

Reprenons l’exemple de Julie, notre graphiste freelance.
Si elle touche 2 000 € de chiffre d’affaires, en portage ou en CAE, elle devra d’abord déduire les frais de gestion. Imaginons que ceux-ci soient de 10 % : il reste 1 800 €, desquels il faut maintenant déduire les cotisations sociales.
Son salaire net à la fin du mois sera d’environ 957 €. Elle peut optimiser sa rémunération en déduisant ses frais professionnels (matériel, abonnements, locaux…).
Si elle est éligible à l’ARE, elle déclarera à Pôle Emploi son salaire, qui complétera avec l’ARE (selon le même principe qu’en micro entreprise). 
On voit bien qu’avec le même chiffre d’affaires, le revenu de Julie ne sera pas le même en micro entreprise et en portage (ou CAE). Si elle opte pour le portage ou CAE, le revenu dégagé par son activité sera inférieur : Pôle Emploi continuera à lui verser son ARE, mais ses droits au chômage s’épuiseront plus vite qu’en micro entreprise.
Toutefois, le portage et la CAE peuvent être des solutions intéressantes à évaluer, surtout si vous effectuez des missions longues, avec un taux journalier assez élevé. Vous aurez un revenu régulier et les avantages du salariat.
Rejoindre une CAE ou une société de portage quand on est au chômage, c’est aussi un bon moyen de se faire aider, de rompre l’isolement et de rejoindre un réseau. La CAE est particulièrement appréciée par les personnes exerçant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

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Envie de vous lancer ?

J’ai essayé, dans cet article, de fournir les informations les plus détaillées et claires possibles sur les spécificités du cumul freelancing (portage salarial, auto-entreprise, EURL ou SASU) et chômage, et sur les options qui s’offrent à vous.
Prenez le temps de bien comparer les différentes options, afin de choisir celle qui correspond le plus à votre projet et à vos besoins.
Je connais des freelances qui ont créé une SASU et ont choisi de conserver l’intégralité de leurs allocations chômage jusqu’à épuisement, et qui sont ravis de ce choix.
Je connais d’autres freelances qui ont opté au démarrage de leur activité pour une CAE, afin d’avoir l’esprit tranquille et de conserver un statut salarié en attendant d’y voir plus clair.
J’en connais d’autres qui ont choisi d’être autoentrepreneur pour la simplicité des démarches et pour optimiser leur rémunération, et qui jonglent sans problème tous les mois entre déclaration URSSAF et actualisation Pôle Emploi.
Dans tous les cas, nous avons la chance d’avoir un système plutôt protecteur, qui offre aux demandeurs d’emploi un vrai filet de sécurité quand ils veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ou le freelancing : alors profitez-en pour vous lancer, tester des choses, et déployer progressivement vos ailes d’indépendant !

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